Le gouvernement tanzanien mis dans l’embarras
La gestion du dossier par Bujumbura aurait mis dans l’embarras le gouvernement tanzanien. Alexis Sinduhije a été interpellé en Tanzanie le 11 janvier dernier « sur un mandat d’arrêt international du parquet burundais » l’accusant d’être impliqué dans deux assassinats qui se sont déroulés il y a respectivement dix et onze ans. Une affirmation à laquelle réagissait le porte-parole du gouvernement burundais qui assurait, la veille, que le gouvernement n’était pas au courant d’un quelconque fait reproché à l’opposant.
Par ailleurs, ce n’est que dix jours après l’interpellation de Sinduhije que le procureur du Burundi a reconnu qu’il était à l’origine de son arrestation, alors que le gouvernement burundais assurait, quant à lui, qu’il n’était pas à l’origine de cette détention. Et de leur côté, les avocats d’Alexis Sinduhije ont toujours assuré qu’il n’y avait aucun mandat d’arrêt international contre leur client.
Selon un responsable burundais des services de sécurité, les autorités tanzaniennes auraient pris la décision de libérer Sinduhije car elles n’auraient pas apprécié la façon dont le Burundi a géré ce dossier ; une gestion qu’elles auraient jugée « catastrophique ».
Reste que l’opposant burundais a également été mis en cause dans un rapport de l’ONU. Le rapport du Groupe des experts des Nations unies sur la République démocratique du Congo qui date du 2 décembre 2011 et qui a été présenté devant le Conseil de sécurité le 30 décembre dernier. Selon les experts onusiens qui ont enquêté dans toute la région, Alexis Sinduhije serait à la tête d’une nouvelle rébellion burundaise qui opère essentiellement à partir de l’est de la RDC. Toujours selon ce rapport, la nouvelle rébellion burundaise se serait approvisionnée en armes et aurait plusieurs bases d’entraînement en Tanzanie.
Déception et satisfaction
Contacté par RFI, le porte-parole du gouvernement burundais n’a pas souhaité réagir à cette libération car « toute cette affaire relève de la justice, qui est indépendante au Burundi », a-t-il relevé. Réaction, en revanche, du haut responsable des services de sécurité au Burundi qui a, quant à lui, assuré « regretter un geste inamical de la part d’un pays voisin, qui s’était engagé à nous aider à lutter contre tous les fauteurs de trouble ».
Du côté de l’opposition, on célèbre « un camouflet » infligé au pouvoir burundais - l’opposition, la société civile burundaise et des diplomates à Bujumbura ayant toujours estimé que son arrestation n’était qu’un prétexte pour essayer de casser l’un des principaux opposants, considéré comme l’un des plus dangereux pour le pouvoir actuel.
Ancien journaliste, Alexis Sinduhije est le président du Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD), un parti d’opposition. Il a fui le Burundi après la contestation des élections générales de 2010 par l’opposition et les violences qui s’en sont suivies. Il vivait en exil en France et, au moment de son arrestation à Dar es-Salaam, il venait de l’Ouganda.
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