BUJUMBURA - Un des principaux leaders de l'opposition burundaise, Alexis Sinduhije, qui vit en exil en France, a été arrêté mercredi soir à Dar es-Salaam, en Tanzanie, sur demande des autorités burundaises, a appris l'AFP de sources concordantes.
L'opposant Alexis Sinduhije, en provenance de l'Ouganda, a été arrêté mercredi soir à l'aéroport de Dar es-Salaam par la police tanzanienne, sur demande des autorités burundaises, a annoncé vendredi à l'AFP Me Habas Nyange, avocat tanzanien de M. Sinduhije, joint par téléphone depuis Bujumbura.
Cette information a été confirmée à Bujumbura par Léonce Ngendakumana, le président de l'Alliance démocratique pour le changement au Burundi (ADC), une plate-forme qui regroupe les principaux partis d'opposition.
Aucun responsable politique burundais ne voulait réagir officiellement sur le sujet vendredi, mais plusieurs responsables des services de sécurité, interrogés par l'AFP, se sont réjouis de cette arrestation, l'un d'entre eux accusant M. Sinduhije d'être à la tête d'un groupe terroriste qui tente de déstabiliser le Burundi depuis plus d'une année.
Les autorités l'accusent d'avoir participé à un meurtre il y a plusieurs années, et elles sont en train de tout faire pour essayer d'obtenir son extradition, a expliqué l'avocat tanzanien de l'opposant.
Mais je peux vous assurer que tout cela est fait sans aucun mandat d'arrêt international lancé contre lui, a assuré M. Nyange, qui a dénoncé une arrestation arbitraire arrangé entre deux pouvoirs dictatoriaux.
L'ancien journaliste Alexis Sinduhije, à la tête du parti d'opposition Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD), a fui le Burundi après la contestation des élections générales de 2010 par l'opposition, et des violences qui s'en sont suivies. Il vit aujourd'hui en exil en France.
Plus de 300 opposants ont été victimes d'exécutions extrajudiciaires en 2011 selon une ONG locale, alors que le Conseil de sécurité de l'Onu a dénoncé 53 exécutions de ce genre perpétrées de janvier à novembre 2011.
La multiplication des violences au Burundi fait craindre à de nombreux observateurs une reprise des hostilités à plus grande échelle dans ce pays marqué par une longue guerre civile qui a fait près de 300.000 morts entre 1993 et 2006.
Le président Pierre Nkurunziza avait appelé les leaders d'opposition en exil à regagner le Burundi sans crainte, (...). Cette arrestation ferme définitivement la porte à tout dialogue entre le gouvernement et l'opposition, a commenté un diplomate en poste à Bujumbura, sous couvert d'anonymat.
(©AFP / 13 janvier 2012 17h46)
17/01/2012
Burundi: un leader de l'opposition en exil arrêté à Dar es-Salaam : ©AFP / 13 janvier 2012 17h46
Publié par Frida à 21:45
Libellés : Incarcération en TANZANIE
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Biographie d' Alexis SINDUHIJE : un destin hors du commun
Et dire que durant sa jeunesse les professeurs d’Alexis Sinduhije se demandaient ce qu’il pourrait bien advenir de ce garnement, car ce dernier, assez turbulent, pensait bien plus au football et au théâtre qu’à l’école. S’ils avaient su […]
Par Didier PATERNOSTERTout démarra vraiment en 1987, lorsqu’Alexis intégra l’école de journalisme. Bien qu’étant le plus jeune de sa promotion, il en devint vite et très naturellement le leader, au point même qu’il parvint à faire virer un prof constamment absent. Les temps changeaient… Alexis devenait un homme. En permanence branché sur RFI, le journalisme le passionnait et, lors d’un stage à la radio nationale, il fit un papier remarquable sur la guerre en Irak. Impressionnée, la directrice de l’information imposa son recrutement.
S’ensuivit une période de franche camaraderie. Car, après s’être construit une chambrette, il accueillait tous les soirs une multitude de copains. C’était le temps des franches rigolades, de l’amitié, où inlassablement cette bande de joyeux drilles refaisait le monde. Pour autant Alexis n’était pas oisif. Au contraire, puisqu’il proposa à quelques amis et deux de ses professeurs de créer l’hebdomadaire « La semaine du Burundi ».
Très rapidement, ce journal fut reconnu par l’ensemble de la profession. Car non seulement il couvrait de nombreux évènements qui, pour une fois, informaient réellement les burundais, mais surtout, les articles étaient écrits après de véritables investigations. Ainsi La semaine du Burundi dénonça les menaces de coup d’Etat contre le Président Ndadaye (démocratiquement élu !), les circonstances de son assassinat, le génocide rwandais…
Au terme de cette aventure journalistique, Alexis refusa de travailler « pour » le Parti Unique et intégra l’agence Reuters. Très vite ses qualités furent reconnues par la BBC.
Ses compétences étaient telles qu’en 1998, Bryan, directeur de studio Ijambo, lui proposa une bourse pour Harvard University. Et, aux States, grâce à ses incontestables qualités relationnelles, Alexis obtint de la fondation Ford 150 000 dollars afin de créer Radio Publique Africaine (RPA).
Dès 2001, une fois RPA lancée, Alexis réussit un exceptionnel tour de force : il parvint à faire collaborer hutus et tutsis qui jusqu’alors s’entretuaient. Et, ensemble, des membres de ces deux ethnies apprirent le journalisme d’investigatios. Les résultats furent exceptionnels : RPA montra la vraie face de la rébellion qui était jusqu’alors diabolisée par le pouvoir, cette radio permit aussi de faire avorter un coup d’état, et, proche du peuple, elle dénoncera toutes sortes d’injustices : domestiques brutalisés, paysans dépossédés de leurs terres, prisonniers sans dossiers… la RPA fut dès lors surnommée «la voix des sans voix».
En 2004, le Comité de Protection des journalistes décerna à Alexis le prix de la Liberté de la Presse. En 2008, la reconnaissance fut mondiale, car le Time inclut Alexis parms les 100 personnes les plus influentes au monde !
Les espoirs suscités par le processus électoral de 2005 au Burundi, suite aux accords d’Arusha, se sont très vite dissipés quelques mois après l’élection du Président Nkurunziza. Dès qu’Alexis s’aperçut que corruption et exactions faisaient partie intégrante de la politique du Président Nkurunziza, il les dénonça et démissionna même de son poste en décembre 2007 afin de pouvoir créer un parti politique : Mouvement pour la Sécurité et la Démocratie (MSD). Aussitôt il dénonça les graves et massives violations des droits de l’homme, la mauvaise gouvernance et les malversations économiques.
Depuis le 3 novembre 2008 Alexis est incarcéré à la prison centrale Mpimba pour le motif suivant : « nous poursuivons Alexis Sinduhije pour avoir à Bujumbura, à une date indéterminée, écrit un document outrageant le chef de l’état. Je cite : la responsabilité dans les affaires de corruption et d’assassinats commandités par le parti CNDD-FDD (parti présidentiel) incombent à l’homme qui passe tout son temps dans des séances de prières. »
Alexis encourt une peine de prison pouvant aller de 6 mois à 5 ans. Au Burundi, les prochaines élections présidentielles auront lieu en 2010. Le dossier de l’accusation étant vide, il semblerait que le chef de l’état veuille maintenir en détention Alexis afin que ce dernier ne puisse se présenter. Car Alexis jouit d’une immense popularité auprès des burundais. Il incarne un réel espoir et serait un adversaire très sérieux pour le Président Nkurunziza.
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